Nairobi, 6 septembre 2024 — Dans une décision qui marque un tournant significatif pour les relations internationales en Afrique de l’Est, le président kényan William Ruto a annoncé que le projet de construction de l’autoroute Nairobi-Malaba sera confié à des entreprises chinoises, renversant ainsi une décision antérieure d’attribuer le contrat à un consortium d’entreprises françaises, dont Vinci.
L’autoroute Nairobi-Malaba est un projet stratégique visant à relier la capitale kényane à la frontière ougandaise. Ce projet d’envergure inclut la construction d’une route à deux fois deux voies, dont une portion payante de 175 kilomètres. Sa réalisation vise à améliorer l’efficacité logistique, facilitant ainsi le transport des marchandises depuis le port de Mombasa vers les pays voisins tels que l’Ouganda, le Rwanda, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud.
En 2019, un consortium dirigé par l’entreprise française Vinci avait remporté le marché public pour ce projet. Cependant, l’arrivée au pouvoir de William Ruto en septembre 2022 a entraîné une révision des priorités et des partenariats du Kenya. Depuis lors, des rumeurs circulaient sur l’éventualité de transférer le projet à des investisseurs chinois, une hypothèse confirmée lors du Forum de coopération Chine-Afrique (Focac) à Pékin.
Pour le Kenya, la décision de confier le projet aux entreprises chinoises s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer les relations économiques avec la Chine. La Chine est un partenaire clé pour le Kenya, offrant non seulement des financements avantageux mais aussi une expertise technique. La réalisation rapide et efficace de l’autoroute pourrait avoir des répercussions positives significatives sur l’économie régionale. Pour la Chine, ce projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Belt and Road », visant à étendre l’influence économique de la Chine à travers le monde. En remportant ce contrat, la Chine renforce sa présence en Afrique de l’Est et consolide ses relations économiques avec le Kenya. Et pour la France, la perte de ce projet pourrait être perçue comme une défaite stratégique pour les entreprises françaises, qui avaient investi des efforts significatifs pour sécuriser ce contrat. La situation soulève des questions sur l’avenir des partenariats entre la France et les pays africains, ainsi que sur les stratégies de l’Europe en matière d’infrastructure en Afrique.
La décision a suscité des réactions diverses au niveau international et local. Les autorités kényanes ont exprimé leur satisfaction quant à la conclusion de cet accord avec la Chine, soulignant les avantages d’une coopération renforcée. De leur côté, les entreprises françaises pourraient reconsidérer leurs stratégies d’engagement en Afrique pour éviter de futures déconvenues.
Les impacts de cette décision seront surveillés de près, non seulement pour leur influence sur les relations bilatérales mais aussi pour leur effet sur la dynamique des projets d’infrastructure en Afrique. Le succès de ce projet pourrait également servir de modèle pour d’autres initiatives similaires à travers le continent.
Le choix du Kenya de confier le projet d’autoroute Nairobi-Malaba à des entreprises chinoises marque un moment clé dans les relations internationales en Afrique. Alors que la Chine continue d’étendre son influence économique sur le continent, les implications pour les partenaires européens, tels que la France, pourraient inciter à une réévaluation des stratégies d’engagement en Afrique. Le développement de cette autoroute sera un indicateur important des évolutions futures dans le paysage géopolitique et économique régional.