Starlink, le service d’Internet par satellite développé par SpaceX, continue d’étendre sa présence en Afrique, où la connectivité reste un enjeu crucial. Promettant un accès haut débit dans des zones reculées souvent délaissées par les infrastructures traditionnelles, Starlink est perçu comme un atout majeur pour réduire la fracture numérique. Cependant, son arrivée sur le continent ne fait pas l’unanimité, notamment auprès des opérateurs télécoms locaux qui voient en ce nouveau venu une concurrence jugée déloyale.
Un marché disruptif
Depuis 2023, Starlink s’est implanté dans plusieurs pays africains, notamment au Nigeria et au Rwanda, où il propose des services d’Internet à haut débit via une constellation de satellites en orbite basse. Ces satellites permettent de fournir une connexion stable dans des zones où les réseaux terrestres traditionnels – comme la fibre optique ou le réseau mobile – sont souvent absents ou peu fiables.
Mais pour les opérateurs télécoms locaux, cette innovation représente une menace. Ces entreprises, qui ont investi massivement dans l’achat de licences et le déploiement d’infrastructures terrestres, jugent la présence de Starlink déloyale, car l’entreprise n’a pas dû, dans certains cas, supporter les mêmes coûts réglementaires et structurels que les fournisseurs traditionnels.
Une concurrence controversée
Dans plusieurs pays, les opérateurs locaux accusent Starlink de profiter de conditions avantageuses. Les entreprises locales doivent souvent payer des sommes colossales pour acquérir des licences d’exploitation et développer leurs réseaux (fibre optique, antennes 4G/5G), en plus de se conformer à des obligations fiscales et sociales strictes.
Starlink, de son côté, opère principalement via des satellites, ce qui lui permet d’éviter certains des coûts associés aux infrastructures terrestres. De plus, le fait qu’il s’agisse d’une entreprise étrangère, sans ancrage local significatif, suscite des critiques sur son impact potentiel sur l’écosystème numérique africain et sur les revenus fiscaux des pays concernés.
Un exemple de cette tension est visible en Afrique du Sud, où les régulateurs ont exigé que Starlink respecte les lois locales imposant une part de propriété à des investisseurs nationaux. Ce type de réglementation vise à protéger les opérateurs locaux et à garantir que les retombées économiques bénéficient au pays.
Un service prometteur, mais coûteux
Malgré les résistances des opérateurs locaux, l’intérêt pour Starlink reste fort, notamment dans les zones rurales et isolées où l’offre des fournisseurs locaux est souvent inexistante ou de mauvaise qualité. Cependant, les coûts élevés de Starlink – environ 600 dollars pour le matériel initial et un abonnement mensuel pouvant aller jusqu’à 110 dollars – limitent son accessibilité pour une grande partie de la population africaine.
Perspectives d’avenir
Pour que Starlink puisse s’imposer durablement en Afrique, il devra relever plusieurs défis. L’entreprise devra travailler avec les gouvernements pour garantir une régulation équitable et trouver un équilibre entre son modèle disruptif et les exigences des opérateurs locaux.
En parallèle, les gouvernements africains pourraient jouer un rôle de médiateur pour encourager la cohabitation entre Starlink et les fournisseurs locaux, en s’assurant que la concurrence profite avant tout aux consommateurs, tout en protégeant les investissements réalisés par les opérateurs nationaux.
Conclusion
Si Starlink peut transformer l’accès à Internet en Afrique, son expansion ne sera pas sans heurts. Entre promesses d’une connectivité universelle et résistances des acteurs établis, son succès dépendra de sa capacité à répondre aux attentes locales, à surmonter les défis réglementaires et à s’intégrer dans un écosystème numérique où la concurrence est déjà vive. La clé résidera dans un dialogue ouvert entre Starlink, les gouvernements et les opérateurs locaux, afin de maximiser les bénéfices pour les populations africaines tout en garantissant une concurrence loyale.